Depuis quelques années, les universités africaines classiques peinent à répondre à l’accroissement de la population étudiante. « En Afrique, environ 20 % d’une certaine classe d’âge qui souhaite étudier a accès à l’université, contre 70 % en Europe, et ce, en partie parce que l’on manque de professeurs », explique Pierre-Jean Loiret, vice-recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), qui chapeaute le Réseau francophone des universités virtuelles(RéFUV), officiellement lancé au début du mois à Québec, dans le cadre des 3es Assises de la Francophonie scientifique. « La pandémie a accéléré le développement des universités virtuelles en Afrique, mais le besoin était là avant », ajoute M. Loiret.
En plus de répondre au problème du sureffectif dans les universités classiques, la création d’universités virtuelles francophones en Afrique, que le Réseau facilitera, permet un enseignement à moindre coût : « l’enseignement virtuel se donne en majorité à distance et les quelques cours en présence sont donnés dans des centres d’accueil d’étudiants dont les infrastructures sont beaucoup moins onéreuses que celles des universités classiques », mentionne M. Loiret. Ce nouveau Réseau résonne donc pleinement avec la mission de l’AUF, qui est d’accompagner les établissements d’enseignement universitaire francophones dans leurs actions pour une francophonie scientifique engagée économiquement, socialement et culturellement.
Un partage d’expertise facilité
Ensemble, huit universités africaines sont allées chercher le soutien de l’AUF pour élaborer le nouveau Réseau, qui vise aussi à soutenir le partage des connaissances et à innover en matière de pédagogie virtuelle. « L’Université numérique Cheikh Hamidou Kane du Sénégal dessert 60 000 étudiants. C’est énorme et les taux de réussite sont les mêmes que dans les universités classiques, explique M. Loiret. Voilà un exemple d’université dont les pratiques peuvent certainement être profitables à d’autres établissements. » Si l’expertise pour le développement d’universités virtuelles est reconnue en Afrique, « c’est la mise en relation des compétences qui fait défaut, ce à quoi va servir entre autres le RéFUV », souligne le vice-président de l’AUF. Par exemple, le Centre national de téléenseignement de Madagascar (CNTEMAD), fondé en 1992, offre des cours par correspondance et souhaite effectuer un virage numérique. « La modernisation de cette université vers l’enseignement virtuel pourra se faire beaucoup plus aisément grâce au Réseau, puisque l’établissement pourra facilement bénéficier des connaissances d’autres universités numériques », soutient M. Loiret.
Un appel pour adhérer au RéFUV sera lancé à travers le monde francophone sous peu et « le Réseau devrait être concrètement actif à partir de l’été 2024 environ, précise le vice-président. À partir de là, il pourra déployer pleinement ses raisons d’être », c’est-à-dire réfléchir à l’efficacité des pratiques pédagogiques de l’enseignement à distance, permettre l’échange de bonnes pratiques de gouvernance de ce type d’enseignement, encourager l’association entre universités virtuelles francophones pour créer de nouvelles formations et mettre en commun certaines ressources. « Il s’agit, au fond, de mobiliser l’expertise déjà présente pour en permettre un partage facilité », conclut le vice-président.
Source : LEDEVOIR